Mother Jones

Pour moi, Mother Jones, ça a toujours été ça : un magazine américain de gauche, sans publicité, vendu par abonnement ou dans quelques kiosques à journaux. Mais à Mount-Olive, en Illinois, j’ai découvert d’où ce personnage était issu.

Ce cimetière appartient au syndicat des mineurs. L’Illinois, comme le Kentucky, l’Indiana ou la Virginie de l’Ouest, sont ou ont été de grands producteurs de charbon et le lieu de grands conflits ouvriers, comme celui, ici, de 1898, lorsque des mineurs en grève ont été tués par des milices embauchées par les patrons, et parmi ceux qui animaient les grévistes :

Mary Jones, née Harris, une dame dans la soixantaine, avec une infatigable volonté de promouvoir la classe ouvrière. Sa devise était : «Priez pour les morts et lutter sans merci pour les vivants.»
Mary Harris est née en Irlande en 1837, mais prétendait être née 1 mai 1830, le jour de la Fête des Travailleurs. Elle a suivi une formation d’enseignante à Toronto et a travaillé à Monroe, vous vous rappelez Frenchtown, avant de devenir couturière à Chicago, puis de revenir à l’enseignement à Memphis, au Tennessee. C’est là qu’elle rencontra son mari, George Jones, et qu’elle eut 4 enfants. Toute sa famille a été emportée par une épidémie de fièvre jaune en 1867. Elle revint à Chicago et c’est là qu’elle s’est radicalisée sous l’influence de Chevaliers du Travail et à compter de 1880, elle a été de tous les combats, un peu partout dans le Mid-West des États-Unis. Au point où elle était décrite par un procureur fédéral, Reese Blizzard, comme la femme la plus dangereuse des États-Unis. À compter de 1900, elle est devenue une employée du syndicat des mineurs, United Mineworkers.

En 1903, elle organisait la marche des enfants-ouvriers, de Philadelphie à New-York, pour dénoncer les abus du travail des enfants. Les résultats ne sont pas venus tout de suite, mais les conditions de travail des enfants se sont améliorées peu de temps après.
Jusqu’en 1923, elle a participé à divers conflits de travail. Le dernier, un conflit de couturières, à Chicago, là où elle avait commencé.

Elle est décédée le 30 novembre 1930, au Maryland, et a été enterrée au cimetière des mineurs de Mount-Olive, parmi les mineurs tués en 1898.
Six ans plus tard, un important monument a été élevé en son honneur, après une souscription populaire qui a rapporté 16 000 dollars, en pleine crise.

Plusieurs centaines de militants syndicaux sont enterrés à Mount-Olive. Tous ne sont pas aussi prestigieux que Mother Jones.

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